Un écrin unique au monde
La Grange au Lac naît d’une amitié très forte, liant Antoine Riboud, alors PDG de BSN (futur groupe Danone) à l’immense violoncelliste Mstislav Rostropovich. À Évian, l’entrepreneur mélomane avait créé un festival de musique classique ; il en offre alors la direction artistique à son ami « Slava », qui en fait un événement majeur de la vie musicale française, bientôt européenne. Les Rencontres Musicales d’Évian sont nées, et deviennent le rendez-vous incontournable des plus grands artistes.
Il y a trente ans, Antoine Riboud décide de doter le festival d’une nouvelle salle. Rostropovich avait vu la tente de Yehudi Menuhin à Gstaad, et rêvait d’en construire une en bois : c’est ce défi architectural et acoustique qu’Antoine Riboud lance à l’architecte iconoclaste Patrick Bouchain…
Avec l’acousticien Yaying Xu, Patrick Bouchain relève le défi de construire cette « tente en bois » de 1100 places, dans un délai record (huit mois de travaux), des contraintes majeures (ne pas creuser dans la roche qui protège la source, ni abattre d’arbre), des conditions difficiles (un terrain en pente, les mois d’hiver) et un budget restreint (dix millions de francs).
Inaugurée le 20 mai 1993 par le ministre de la Culture Jacques Toubon, la salle est faite uniquement de cèdre et de pin : seule une immense carapace d’aluminium, en pétales d’alucobond, vient au plafond assurer une acoustique parfaite. La Grange au Lac sonne comme l’intérieur d’un violoncelle ; en fond de scène, les bouleaux rappellent la patrie du violoncelliste qui en fut le dédicataire. Elle mêle le luxe des lustres de cristal à la frugalité des gradins de bois. C’est une simple grange, que l’on pourrait découvrir par hasard dans la forêt de mélèzes – mais sans doute aussi l’une des plus belles salles de concert au monde.
Des améliorations continues
La construction de la Grange au Lac avait débuté en octobre 1992. Vingt-cinq ans après, en octobre 2017, six mois de travaux sont engagés pour permettre à la Grange une activité plus intense.
La Grange au Lac avait déjà évolué pendant son premier quart de siècle : les lustres, originellement placés en trapèze au-dessus de la scène, avaient été alignés sur les bouleaux. Cette fois, c'est la scène qui change avec un nouveau plateau scénique et une nouvelle scénographie du fond de scène : entièrement refaite en bois de chêne, elle accueille des costières (qui marquent habituellement le parquet des théâtres) et des cimaises (qui permettent l'installation d'une conque modulable). Cette nouvelle disposition a accentué la théâtralité de la Grange, le confort sonore des musiciens, et l'acoustique déjà extraordinaire de la salle. Un nouveau chauffage a également été installé à cette occasion, le tout sous la maîtrise d’œuvre de l’architecte Jean-Christophe Denise, qui a longtemps travaillé avec le concepteur de la Grange au Lac, Patrick Bouchain.
Une nouvelle étape en 2022
La Grange au Lac est une salle qui vit et se transforme. Après avoir longtemps mis à l’honneur la musique de chambre, elle élargit désormais son accueil aux grandes formes. Pour adapter sa disposition au répertoire symphonique et lui permettre d'accueillir de grands orchestres, la scène a été étendue de 150 à 200m2 au cours de l'hiver 2022/2023. Par ailleurs, des corrections acoustiques ont été apportées pour tenir compte de ce nouvel aménagement et corriger des écarts apparus avec le temps. Un nouveau chantier est en cours actuellement, pour doter la salle de loges qui lui manquaient jusque-là.