Après une parenthèse de plusieurs mois pour travaux, la musique fera son grand retour à la Grange au Lac le 28 juin prochain, à l’occasion des Rencontres Musicales d’Évian. Pour cette édition 2023, année du 30ème anniversaire de la Grange au Lac, la programmation a été confiée à Renaud Capuçon. Interview.
Ces Rencontres Musicales d’Évian portent votre signature artistique. Un rôle nouveau ici à Évian, pour vous que le public de la Grange au Lac avait l’habitude de retrouver sur scene. Quelle tonalité avez-vous voulu donner à cette édition 2023 ?
J’ai voulu reproduire l’émotion que j’ai ressentie lorsque je suis venu pour la première fois aux Rencontres Musicales d’Évian en 1994, à l’époque de Rostropovich. Je suivais une masterclass de Jaime Laredo et, du haut de mes 18 ans, j’étais totalement fasciné par le programme, le lieu, les interprètes, le mélange des générations… c’était magique ! J’ai voulu produire cet effet-là de nouveau : que cette édition du trentième anniversaire de la Grange au Lac soit éclatante et festive. Je l’ai pensée comme un hommage à Rostropovich, en m’appuyant sur ce qui a été fait par le passé, tout en imprimant quelque chose de nouveau. Chaque interprète qui figure au programme de cette édition 2023 a été absolument choisi et désiré : ce sont des artistes majeurs du monde musical, pas seulement français ou européen, mais mondial.
Vous ouvrez avec le Berliner Philharmoniker et Zubin Mehta a la direction. Le ton est donné !
Effectivement, on va ouvrir cette édition avec l’un des plus grands orchestres au monde. C’est la première fois qu’il se déplace à Évian. Chacun de ses concerts à l’extérieur fait l’objet d’un vote de ses musiciens, c’est donc un honneur et une chance extraordinaires. Que le Philharmonique de Berlin vienne jouer à la Grange au Lac l’année où l’on célèbre son trentième anniversaire, symboliquement, je trouve ça très beau. Il sera dirigé par Zubin Mehta, qui est un chef incroyable. Un grand concert en perspective, qui donne l’ambition de cette édition 2023 et qui restera sans nul doute dans les annales du festival.
Vous avez tenu a garder ce qui fait l’ADN de ce grand rendez-vous estival, quelles rencontres vont marquer cette édition 2023 ?
Je suis très attaché à la notion de rencontre. Le festival s’appelle les Rencontres Musicales d’Évian et j’ai vraiment envie de décliner cette appellation dans toutes ses dimensions : rencontres entre les générations, avec les jeunes et les moins jeunes ; rencontres entre des musiciens aguerris, des stars, et des jeunes en devenir ; rencontres avec des gens du milieu musical au sens large aussi… on peut imaginer beaucoup de choses. J’aime l’idée de familles de musiciens qui se croisent et s’entrecroisent. Il y aura par exemple cette année la rencontre de Martha Argerich avec Daniel Harding et l’association d’Alexandre Kantorow avec Tugan Sokhiev. Les concerts de musique de chambre également : le trio Zukerman et Michael Barenboim, Leonidas Kavakos avec Yo-Yo Ma et Emanuel Ax ou, un autre soir encore, Andràs Schiff, Gérard Caussé, les Hagen et moi-même. C’est une grande famille : tous ces musiciens se connaissent, se respectent et s’admirent. Ils vont avoir plaisir à partager du temps ensemble et ça pour moi, c’est essentiel. C’est vraiment l’ADN de ce festival, quelque chose qu’il y avait déjà dans les éditions précédentes et auquel je tiens particulièrement.
Vous accordez une place importante aux jeunes en les mettant a l’honneur d’une série de concerts en matinée. Pourquoi le soutien aux jeunes artistes vous tient-il particulièrement à coeur ?
La transmission est évidente pour moi, elle est même essentielle. Toujours dans cette idée de reproduire ce que j’ai ressenti il y a trente ans, j’ai souhaité que cette édition 2023 fourmille de jeunes musiciens. María Dueñas, l’orchestre Gustav Mahler, les jeunes artistes de Beau Soir, de la Belle Saison, de l’Académie Menuhin ou encore les pianistes du programme Building Bridges d’Andràs Schiff : tous les concerts du matin sont centrés sur cette génération montante et auront lieu dans la Grange au Lac, pour que ces jeunes soient eux aussi portés par l’atmosphère unique de ce lieu. Le soir, ils pourront assister aux concerts de leurs aînés. Ce vivier de jeunes musiciens et le mélange des générations seront un des piliers du festival. Pour le public, c’est aussi une curiosité et un plaisir de découvrir de nouveaux visages et de voir émerger de nouveaux talents.